JOUR BLANC – installation de 3 vidéoprojections simultanée et de 2 installations sonores Exposition réalisée dans le cadre de la résidence croisée Bordeaux-Montréal – 2014 – Canada Production Zébra3 / Centre CLARK- |
|
11 / 12 > |
|
JOUR BLANC Un peuplier argenté en fleurs, Jamais je n'ai été Impossible de revenir là-bas 1942
De l'exposition Jour blanc Par Chloé Grondeau
Longtemps présenté de façon exclusive au travers d'œuvres filmiques, le travail de Julie Chaffort trouve un nouveau souffle en la proposition monographique Jour Blanc, restitution d'une résidence menée à Clark, centre d'art montréalais. Opérée par une pratique explosée et nouvellement protéiforme, cette mutation prend corps dans l'espace de la galerie et se matérialise sous forme d'une installation à la dimension plus objectale, au cœur de laquelle se mêlent films et enregistrements sonores, imaginés comme moyens de penser son lien à la nature. Au cœur du triptyque, Julie Chaffort invite le regardeur à observer la nature comme théâtre de ses projections fantasmées. En son centre, une forêt verdoyante altérée et alternant un inquiétant caché/montré au moyen d'une épaisse fumée noir. À sa gauche, et venues enrichir cette vision post apocalyptique, une Bailaora, une femme millénaire et une chanteuse lyrique, telles des figures semblant muées dans l'intemporel, prises au piège et mal menées par la force invisible d'un Éole facétieux. À sa droite, un tourne-disque à l'allure enfantine, trônant seul, en pleine nature, et générant de troublants hurlements de loups, ou comment faire écouter des cris d'animaux morts à une nature vivante. L'œuvre éponyme diffusée ainsi en boucle, devenu l'écrin d'un paysage pluriel où prend place la folie, mise en lumière par l'incessant et flirtant avec la complexe avenue de dessiner l'absence sous de tangibles traits. Jour blanc se révèle comme contours d'un volume réel et virtuel, un terrain fertile au jeu de l'invisible rendu visible et des apparitions sonores devenues palpables. Des images et sons organiques aux motifs obsédants, pris dans un mouvement de boucle infinie, miroir d'une folie et capables de redonner vie à l'absent, condamnés à se répéter tel Sisyphe et son rocher. Et si l'artiste définit un cadre avant d'en abreuver le contenant, les sens des visiteurs se voient malmenés de sons se dérobant partiellement de leurs faiseurs. Chant et hurlements venus colorer ce que le visuel nous donne à voir, repoussant le "canevas" qui leur est imparti. Le regardeur entre ainsi au cœur d'une proposition installative peuplée d'entités fonctionnant en circuit fermé, à la fois autophages et auto-génératrices. Les images des uns se nourrissant des sons des autres, apportant une nouvelle lecture à l'unique et au tout. Loin de ce qui pourrait approcher un processus soustractif menant, de par ces juxtapositions, à l'effacement du sujet, l'intelligibilité de l'œuvre ne cesse ici de proposer des valeurs ajoutées, telles des strates à la lisibilité plurielle. Installé face au triptyque, le court-métrage Pas un bruit apporte une posture plus intime à l'ensemble. Le visiteur, contraint de tourner le dos à la composition et de s'isoler au moyen d'écouteurs, afin d'en révéler pleinement le contenu. Deuxième pièce vidéographique présentée, celle-ci fait figure de précédent. Tournée en 2013 mais monté quelques mois avant la venue de l'artiste en terre canadienne, cet objet filmique met en lumière les prémisses des changements présents aujourd'hui dans son œuvre, en usant d'une narration contée et poétique. Habituée à travailler au moyen de complexes mises en scène accessoirisées, Julie Chaffort opère un déplacement pour tendre à l'esssence(tiel). Le propos. Nu. |